Depuis toutes ces années que je travaille, le père me semble souvent absent dans les propos et actions des travailleurs sociaux mais aussi dans ceux de la mère. Ils existent davantage sous formes d'injonctions paradoxales permanentes au détirment d'une reconnaissance même partielle.

" Tu pourrais venir aux réunions parents-professeurs. T'impliquer davantage dans la vie de tes enfants. Jennifer a décroché ce second trimestre.

- Mais je suis venu avec toi la dernière fois.

- Ah oui, parlons-en ! Si c'est pour ne pas dire un mot et rester assis sur ta chaise pour faire juste acte de présence, tu peux rester à ton travail, je n'ai pas besoin de toi !"

L'Union Nationale des Associations Familiales (UNAF) vient de consacrer un colloque sur la place des pères : "Les grands oubliés des débats et réflexions autour de la famille et de l'enfance... Rares sont les études qui traitent de la paternité" précise t'elle. Prendre sa place de père reste difficile dans de nombreux systèmes familiaux.

La socièté m'apparaît encore figée sur le sujet, priviligiant les fonctions maternelles où le père doit faire tiers dans la relation mère enfant et permettre à celle-ci de s'en détacher par le jeu et en l'accompagnant vers la socialisation. Voici "l'image d'Epinal" estampillée par tout bon psychologue à tendance Freudienne ascendant Dolto, infligée aux familles et aux travailleurs sociaux et garantie comme une certitude laquelle ne peut pas être remise en question, en y ajoutant Winicott et "La mère suffisamment bonne". Je ne parle pas de "L'instinct maternel" que je range dans la catégorie des dogmes : il suffit d'y croire !

J'affirme que le père tient sa place dès le premier jour de grossesse et je l'observe auprès de nombreux jeunes collègues aujourd'hui soucieux des actes du quotidien. Beaucoup d'entres eux s'impliquent davantage qu'autrefois et l'UNAF y voit un enjeu d'égalité hommes-femmes. Ainsi la mère peut s'investir différmment au sein de la famille et en dehors. L'UNAF propose par ailleurs, de former davantage les professionnels de tous domaines (scolaire, justice, éducatif) qui travaillent auprès de la famille et d'intégrer systématiquement les pères.

L'implication de ceux-ci a doublé en 25 ans en termes de temps passé même si l'écart demeure encore important : 91 minutes pour les mères et 41 minutes pour les pères. En cause, selon l'UNAF, les contraintes professionnelles et financières. 57% refusent de prendre le congé parental au motif du faible niveau d'indemnisation. Demeure cette chimère politique que la loi règle toujours les problèmes de socièté.

L'UNAF propose d'imposer dans les négociations sociales en entreprise, la conciliation entre vie familiale et professionnelle. Celle-ci représente un critère important dans la prévention des Risques Psycho-Sociaux (RPS) et doit apparaître dans le document unique dont l'employeur en est le garant. Par ailleurs, l'UNAF prône l'assouplissement du congé parental et de le rendre plus attractif financièrment.

Par ailleurs, reste les décisions judiciares suite à la séparation du couple conjugal et l'instauration des droits de visite et d'hébergement. La mère en bénéficie dans une large majorité et en particulier dans la phase de la petite enfance. Certains Juges aux Affaires Familiales (JAF) que j'ai pu rencontrer (3 femmes) affirment qu'elles ordonnent logiquement des droits d'hébergement à la mère car elles privilégient le lien avec l'enfant les premières années. Le père lui reste un simple visiteur d'enfant !

Enfin, l'UNAF suggère que les médiateurs familiaux deviennent des acteurs dans l'accompagnement. Via une réflexion partagée avec les parents lorsqu'elle reste possible, concernant la résidence de l'enfant. Et que celle-ci puisse être activée en amont de tout jugement pour faciliter à la fois les liens et recentre sur l'intérêt du jeune.

"Etre père aujourd'hui" sur www.unaf.fr

Qui de la place du père ?

Partager cet article